Book Review | Des souris et des hommes de John Steinbeck.

Depuis ma lecture de L’attrape-cœur de J.D. Salinger et de Brokeback Mountain d’Annie Proulx, la littérature américaine et moi ne sommes pas les meilleurs compagnons. En fait, leur singularité me prend toujours au dépourvu et freine ma lecture la plupart du temps. Cependant, je dois avouer que Des souris et des hommes m’a vraiment agréablement surprise. 

George et Lennie sont deux amis qui n’ont que l’un et l’autre comme appui, ils vivent d’emplois éphémères et sont toujours sur le qui-vive. Bien sûr, chacun a des espoirs, des rêves. Simplement, Lennie est un obstacle à leur réalisation. Il ne soupçonne pas sa dangereuse force, n’est pas indépendant et surtout vit dans un monde dont il n’est pas vraiment conscient. Son passé, sa nature, les rattrapent toujours. Mais cette fois, George devra réagir. Comment dépasser leur amitié et faire ce qu’il y a de plus sensé ? Lennie peut-il réellement être tenu pour responsable de ses actes ?

Quelle écriture ! Je n’ai pas les informations sur le.a traducteur.rice choisi.e mais l’écriture est déstabilisante, une voix originale, profonde, remarquablement maniée. La manière dont sont rendus les accent des personnages n’empêche pas de transcrire leurs émotions. Ci-dessous, deux extraits :

« Les feux du crépuscule s’élevaient au-dessus du sommet des montagnes, et l’obscurité tombait dans la vallée. Sous les saules et les sycomores, les ténèbres étaient presque complètes. Une grosse carpe monta à la surface de l’eau, prit une gorgée d’air, puis se renfonça mystérieusement dans l’eau noire, laissant des cercles s’élargir sur l’eau. Au-dessus d’eux, les feuilles recommencèrent à frémir, et des houppettes de graines de saules s’envolèrent et allèrent se poser à la surface de l’eau. »

« La main de George restait impérieusement tendue. Lentement, comme un terrier qui ne veut pas rapporter la balle à son maître, Lennie s’approcha, recula, s’approcha encore. George fit claquer sèchement ses doigts, et à ce bruit, Lennie lui mit la souris dans la main. »

Lennie, ce personnage, dont on ne peut déterminer par la narration qui lui est extérieure, s’il s’inscrit sur le spectrum de l’autisme ou est-il atteint d’une maladie mentale, fait toute la force du roman. Il n’intègre pas les règles sociétales et George a bien du mal à le cerner. Pourtant, en tant que lectrice, très vite, je me suis attachée à Lennie même si l’on se doute que toute cette histoire ne peut finir bien.

George parait rude avec lui, trop direct pour ce petit être qui ne comprend pas grand chose et dont l’apparence imposante est trompeuse. Pourtant, on devine un profond et touchant attachement. Une connexion indéniable comme s’ils étaient du même sang. C’est rendre un hommage sublime à l’amitié que d’apprécier ce livre.

La fin est déchirante, on peine à mettre des mots dessus tant elle est inoubliable et tragique. Je recommande ce livre à tous les amoureux de la littéraire, des mots et des sentiments forts, ainsi qu’aux passionnés de littérature Etats-Unienne du XXe siècle.

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Laurie (Mots Insatiables)

I blog about books since 2009. Graduated with a Vocational Degree in Booktrade and a BA in English. Currently doing a Master's Degree in English, specialising in Media & Co-ordination of cultural projects. Interested in the Publishing industry: editing/revising/reviewing texts.

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